Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/56

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Lorsque tout s’apaisa et que le dernier frisson eut fui le long des jambes, Quarta sut murmurer avec un sourire de béatitude :

« Je suis plus heureuse que je ne rêvais. Prima ! tu as pu croire que je regretterais mon pucelage après te l’avoir donné ? Je regretterais toute ma vie de ne te l’avoir donné qu’une fois.

— Tu me le donneras…

— Toujours ! T’en souviendras-tu ?

— Oui, chérie. Mais devine combien de fois tu me le donneras toi-même, autrement que par l’amour et par le souvenir ?… Quels grands yeux tu ouvres ! Ne cherche pas.

— Dis-moi vite comment je peux te le donner encore ! »

Un long baiser put seul excuser Prima de garder le silence. Elle dit enfin :

« Si nous nous aimons chaque nuit ventre à ventre, est-ce seulement parce que tu bondis sitôt qu’entre les jambes je te touche de la langue ?

— Non. C’est pour jouir bouche à bouche.

— Et cette bouche que tu baises n’est-ce pas elle surtout qui aura ton pucelage ?

— Oh ! si ! et plus encore ! le foutre et le sang ! la chair si elle la veut !

— Et ma langue ?

— Pas maintenant, je t’en supplie ! Je serais désespérée de jouir avant toi. Si tu m’aimes assez pour comprendre que je t’adore, prends tout ce que mon pucelage peut donner à ta bouche, mais ne jouissons pas sans voir notre amour dans nos yeux. »