Page:Louÿs - Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, 1927.djvu/6

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— Personne ! mais ces pratiques, dont Votre Majesté ne peut concevoir les détails, se perpètrent en commun. Bref, Leurs Altesses, nuit et jour, ne songent qu’aux désirs de la chair et aux moyens furtifs de les apaiser.

— Je vous remercie, monsieur l’Abbé, dit le Roi. Cette question ne concerne que mon autorité. Allez trouver la Reine. Dites-lui que son récent projet de passer quelques mois dans un monastère ne me déplaît pas. Je l’approuve dès ce soir. Conduisez la vous-même à cent lieues d’ici, et restez auprès d’elle ; soyez le confesseur de Sa Majesté. Cette charge de premier rang est la grâce que j’accorde à vos bons offices. »



Dès que la Reine et le prélat eurent quitté le palais, le Roi Gonzalve fit appeler une demoiselle de la Cour, et, toutes portes fermées pour la seconde fois, il lui permit de s’agenouiller familièrement entre ses jambes.

« Le jour où je t’ai nommée fille damoiselle de Leurs Altesses, que t’ai-je dit, Chloris ? Tu rougis ?

— Que vous me faisiez la grâce de bander pour moi, Seigneur, encore que j’en fusse indigne.

— Ensuite ?

— Que je semblais moins indigne d’inspirer un désir, quand je me mis nue de la tête aux pieds.

— Ensuite ?

— Que mes façons de baiser étaient assez chaudes pour me faire pardonner la perte et absence de mon pucelage.

— Ensuite ?