Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quel pays lui venait sa conception de l’amour : après douze semaines de soins assidus, je retrouvais, dans son sourire, à la fois les mêmes promesses et les mêmes résistances.

Un jour enfin, hors d’état de souffrir plus longtemps cette perpétuelle attente et cette préoccupation de toutes les minutes, qui troublait ma vie au point de la rendre inutile et vide depuis trois mois vécus ainsi, je pris à part la vieille femme en l’absence de son enfant et je lui parlai à cœur ouvert, de la façon la plus pressante.

Je lui dis que j’aimais sa fille, que j’avais l’intention d’unir ma vie à la sienne, que, pour des raisons faciles à entendre, je ne pouvais accepter aucun lien avoué, mais que j’étais résolu à lui faire partager un amour exclusif et profond dont elle ne pouvait prendre offense.

« J’ai des raisons de croire, dis-je en terminant, que Conchita m’aimerait, mais se défie