Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/129

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assise sur un banc, couchée sur la pelouse, accoudée derrière les balustres ou levant les bras dans le soleil jusqu’à une branche chargée de fruits. L’âme du jardin et de la maison avait pris la forme de son corps.

Et voici qu’après toute une nuit d’une attente insupportable et après une matinée qui semblait ne devoir plus finir, je reçus vers onze heures, par la poste, une lettre de quelques lignes. Croyez-le sans peine, je la sais encore par cœur.

Elle disait ceci :

« Si vous m’aviez aimée, vous m’auriez attendue. Je voulais me donner à vous ; vous avez demandé qu’on me vendît. Jamais plus vous ne me reverrez.

« Conchita. »

Deux minutes après, j’étais à cheval, et midi n’avait pas sonné quand j’arrivai à Séville, presque étourdi de chaleur et d’angoisse.