J’avais cru recommencer une existence nouvelle, j’avais cru fixer pour longtemps, peut-être pour toujours, mon intimité amoureuse et tout croulait avant les noces. Je ne gardais même pas dans la mémoire une heure d’union véritable avec cette petite ; non, pas un lien, pas une chose accomplie, rien qui pût me consoler même par la vaine pensée que, si je ne l’avais plus, du moins je l’avais eue et qu’on ne m’ôterait pas cela…
Et je l’aimais ! Oh ! que je l’aimais, mon Dieu ! J’en étais venu à croire qu’elle avait raison contre moi et que je m’étais conduit en rustre avec cette vierge de légendes. Si je la revois jamais, me disais-je, si j’ai cette grâce du Ciel, je resterai à ses pieds, jusqu’à ce qu’elle me fasse signe, dussé-je attendre des années. Je ne la brusquerai point : je comprends ce qu’elle éprouve. Elle se sait d’une condition où l’on prend ses pareilles comme maîtresses au mois, et elle ne veut pas d’un traitement inférieur à son caractère. Elle veut m’éprouver, être sûre de moi, et si elle se donne, ne pas se prêter.