Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/185

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de bas cabaret et de coudes sur la table. Je me faisais horreur.

La señora Perez était là, comme les autres. Elle semblait ne rien connaître de ce qui avait eu lieu calle Trajano. Mentait-elle aussi ? je ne m’en inquiétais même pas. J’écoutais ses confidences, je payais son eau-de-vie… Ne parlons plus de cela, voulez-vous ?

Mes seuls instants de joie m’étaient donnés par les quatre danses de Concha. Alors, je me tenais dans la porte ouverte par où elle entrait en scène et pendant les rares mouvements où elle tournait le dos au public j’avais l’illusion passagère qu’elle dansait de face pour moi seul.

Son triomphe était le flamenco. Quelle danse, Monsieur ! quelle tragédie ! C’est toute la passion en trois actes : désir, séduction, jouissance. Jamais œuvre dramatique n’exprima l’amour féminin avec l’intensité, la grâce et la furie de trois scènes l’une après l’autre. Concha y était incomparable. Comprenez-vous bien le drame qui s’y joue ? À qui ne l’a pas vu mille fois j’aurais