Page:Louÿs - La Femme et le Pantin, 1916.djvu/43

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ailleurs, chez le Fulano, par exemple, qui vend ses boîtes à moitié vides. Au moins je n’en dirai pas de mal, je ne médirai pas, cabayero ! Rien que son nom, puisque vous voulez le savoir. C’est la señora doña Concepcion Perez, femme de don Manuel Garcia.

— Son mari n’habite donc pas Séville ?

— Son mari est en Bolibie.

— Où cela ?

— En Bolibie, un pays d’Amérique. »

Sans en entendre davantage, André jeta une nouvelle pièce sur les genoux du vendeur, et rentra dans la foule pour gagner son hôtel.

Il restait en somme indécis. Même en apprenant l’absence du mari, il n’avait pas trouvé que toutes les chances se penchassent de son côté. Ce marchand réservé qui semblait en savoir plus qu’il n’en voulait dire, laissait croire à l’existence d’un autre amant déjà choisi, et l’attitude du domestique n’était pas faite pour démentir ce soupçon d’arrière-pensée… André songeait que quinze jours à