Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le bébé se mit à vagir. Elle le berça. Il se tut.

« Le soir, c’était une grande mer de pourpre où les nuages étendus se baignaient comme de belles femmes, avec des chevelures et des écharpes jaunes. La nuit, c’étaient les étoiles.

« C’est de là-haut, c’est du ciel lointain qu’est descendue en moi la pluie mystérieuse… »

Elle ferma les yeux et sourit mollement, envahie par un souvenir paresseux. Quand elle les rouvrit, l’enfant dormait. Alors elle ne parla plus ; elle ne dit pas comment sa grossesse inexplicable avait soudain réveillé les craintes séniles d’Akrisios, à qui un devin avait prédit qu’il mourrait de la main d’un petit-fils ; elle ne dit pas comment, pendant quarante semaines, elle avait