Page:Louÿs - Le Crépuscule des nymphes, 1925.djvu/154

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cachait la Méditerranée. Les vagues s’amollissaient comme prises de somnolence. Le petit bateau n’avançait plus qu’à peine : Danaë douta même s’il ne s’était pas arrêté… Puis le vent tomba, tout à fait.

Danaë, qui avait déposé l’enfant, le reprit dans ses bras et voulut encore l’allaiter. Mais elle ne pensait pas que depuis le matin, elle n’avait pris aucune nourriture. Son lait s’était presque tari : l’enfant commença à pleurer.

Elle le regarda, puis ses seins, et la mer. Rien n’est plus effrayant sur la mer que le silence : elle eut un frisson. Tout autour de l’horizon elle ne vit rien de vivant. Il semblait que le monde eût disparu et que pour toujours elle fût seule. Elle trempa sa main dans l’eau : l’eau elle-même était immobile.

Elle voulut chanter, mais elle ne