Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sagace. Je ne me priverai point de ses conseils. Vous, Taxis, vous avez aussi vos qualités dont personne ne songe à faire fi. Vous êtes déplaisant ; mais indispensable, et je n’entends pas qu’on vous paralyse. Réglez donc à l’amiable votre différend et tâchez de vous mettre d’accord sans que j’aie à prendre parti.

— C’est impossible.

— Et pourquoi donc ?

— Entre les principes de ce jouvenceau et les miens propres, que Votre Majesté semble estimer à titre égal, il y a incompatibilité absolue. Il faut que l’un de nous deux cède, ou casse. J’attends de votre bouche, Sire, le nom du sacrifié.


Le Roi frotta d’un geste impatient une allumette qui éclata comme l’expression même de sa mauvaise humeur. Il fuma en silence pendant quelques minutes. Puis :

— Alors, c’est fort simple, dit-il. Vous commanderez à tour de rôle.

— Ah ! fit sèchement Taxis.

— Vous vous partagerez la journée. De minuit à midi, vous, Taxis, vous aurez la haute main. Ce sont précisément les heures où je ne vous verrai pas, mon ami. Vous veillerez sur mon sommeil et au