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Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/144

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mieux mettre à mal cinquante jeunes filles, que d’égorger un poussin blanc. Et pourtant, les cris des jeunes filles sont beaucoup plus épouvantables.

— Oui, dit Pausole, on s’y habitue.

Comme la chaleur devenait très forte, il ouvrit son sceptre en deux et en tira son éventail, lequel était japonais.

Le peintre oriental y avait tracé d’un roseau exact et sobre, avec un réalisme qui n’oubliait rien, une jeune demoiselle nue, accroupie de face, les cheveux très coiffés et les seins très pointus, tenant à la main un écran dont elle voilait son épaule gauche.

— Le privilège des courtisanes, reprit le Roi, a quelque chose de choquant. Leur type moyen est devenu, dans l’art de presque tous les peuples, le type de la beauté féminine, et il faut bien qu’il en soit ainsi, puisque toutes les femmes s’abstiennent de concourir. Depuis un siècle et davantage, on ne cite pas plus de quatre ou cinq Européennes de qualité qui aient enlevé leur chemise devant un sculpteur ou un peintre, en lui permettant de révéler à d’autres les jolies choses qu’elles y cachent, on n’a jamais su pourquoi. Partout, excepté à Tryphême — et au Japon, disent les gazettes — une femme nue, c’est une prostituée.