Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/15

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de ton singulier pays, était-ce le plus vain des serments forcés. Tu viens justement d’en avoir la preuve. Si encore elle t’abusait si elle feignait de se plaire à toi pour ne pas être chassée ! tu pourrais… Mais elle ne te trompe pas, puisqu’elle est partie. Sa franchise est irréprochable. Et pourquoi est-elle partie ? Sans doute parce qu’elle a trouvé quelqu’un de supérieur à ta personne, par la jeunesse, par la beauté, par le caractère, ou, qui sait ? peut-être même par la fortune. Tu admets qu’une jeune fille puisse peser tous ces arguments le jour où elle prend époux. À plus forte raison quand elle est devenue femme et que l’expérience la conseille.

— Il est pourtant écrit dans le code « Tu ne nuiras pas à ton voisin. »

— C’est bien pour cela que je t’interdis de poursuivre ton successeur. Passons à la seconde affaire.


— Majesté ! fit une voix de basse, un gueux, un pasteur de chèvres, a violé mon unique enfant.

— Oh ! Oh ! protesta le Roi. Ne nous pressons jamais d’attester la résistance. Je serais curieux de voir la victime.

On la lui présenta.