Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un fruitier tout rouge de fraises et de framboises s’ouvrait un peu plus loin.

Il y entra.

— Bonjour, seigneur, dit une petite voix.

Et Giglio aperçut, derrière des claies de pourpres, la ligne blanche d’un corps de femme que relevaient des touches de blond.

Celle-ci peut-être allait se montrer plus tendre ou moins artificieuse que la jeune Thierrette.

Il ne s’attarda pas à lui demander son nom, ni même à faire avec les figues, les bananes et les mandarines des fantaisies décoratives.

S’approchant, il déclara :

— Rose, ou Liliane, ou Marguerite, ou quel que soit le nom floral que vous portiez entre vos sœurs, si j’étais le maître du lieu, je ne voudrais pas d’autres fruits que ceux de votre corps velouté comme une prune. Donnez-moi vos oranges, vos fraises et vos prunelles, et ce cœur de grenade qui est si bien fermé.

À genoux devant l’une de ses lectrices, le jeune poète eût, sans doute, cherché des comparaisons plus rares, si tant est qu’il en soit d’inédites entre les fruits de la femme et ceux de la terre ; mais la Tryphémoise à laquelle s’adressaient de telles gal-