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paille, ses tonnelles ombreuses, son jardin, ses vieux arbres tentèrent Mirabelle tout à coup.

À cette heure de la journée les paysans travaillaient aux champs. Il n’y avait personne autour de la porte ouverte ; si elles s’y glissaient rapidement, aucun témoin ne pourrait les trahir. Telle fut du moins la raison, ou plutôt le faible prétexte qui lui fit obéir si vite à la hâte extrême de ses sens.

— Entrons là, dit-elle.

— Où tu veux.


On leur donna la plus belle chambre. Aussitôt, Line voulut un grand tub, et une éponge neuve, et un panier de cerises, et du chocolat, et un éventail, et du sirop de citron, et de la glace, beaucoup de glace, et de l’eau chaude, beaucoup d’eau chaude.

Elle obtint ces choses très précieuses, puis ferma les deux verrous. Mirabelle la suivait pour l’étreindre ; mais Line joignit les deux mains, fit un sourire derrière une moue et prit une voix de petite mendiante en expliquant qu’il faisait chaud, qu’elles étaient seules, que personne ne les gronderait, enfin qu’elles pouvaient bien faire leur toilette ensemble et se mettre « un peu toutes nues ».

Mirabelle eut un frisson.