Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/219

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les fleurs et les fruits sur un canapé de jardin dans une salle toute rouge de fraises.

— Ils veulent me tuer ? Et qui cela ? fit Giglio avec une paisible curiosité.

— Tout le monde ! répondit Rosine. Il est arrivé des choses épouvantables et on vous met tout sur le dos. Venez là, derrière les palmiers ; je vous raconterai. Asseyez-vous près de moi.

Le page prenait soin de son maillot jaune et le talus qu’on lui offrait ne le tenta pas. Il attendit que Rosine s’y fût placée d’abord, puis il s’assit très confortablement sur les bonnes cuisses de la jardinière et lui passa le bras autour du cou sous le prétexte le plus tendre, mais aussi le plus mensonger.

— Eh bien, raconte-moi. Que s’est-il passé ?

Elle lui fit tout connaître, mais tout à la fois, et sans se préoccuper outre mesure de la belle clarté française qui tenait sans doute peu de place dans ses théories littéraires.

On avait amené un chameau, saccagé la remise des machines, brisé les moissonneuses, faussé les fourches, crevé le carrelage, c’en était une catastrophe… La laiterie aussi était dans l’état le plus lamentable : le lait répandu, les seaux dérobés. Sur le chameau, il y avait une belle dame, une très