Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Une sanction ! s’exclama Pausole.

— Une sanction pénale. Notre énergie se heurte contre des opposants irréductibles. Nous avons pour nous la jeunesse et le peuple ; mais nous ne pouvons rien, ou presque rien, contre une certaine caste qui exerce une autorité morale incontestable et nous résiste pied à pied. C’est contre elle que je vous demande des armes, Sire, contre elle et pour vous, pour la victoire immédiate de vos plus chères idées. Et d’abord, laissez-moi vous parler d’une loi que nous attendons avec fièvre et que vous pourriez signer ce soir : la loi de la nudité obligatoire pour la jeunesse.

— Ah ! mais non ! déclara Pausole. Mon cher monsieur, Tryphême n’est pas le monde renversé ; c’est un monde meilleur, je l’espère du moins, mais je n’ai pas épargné tant de liens à mon peuple pour le faire souffrir avec d’autres chaînes. Imposer le nu sur la voie publique ! Mais voyons, monsieur Lebirbe, ce serait aussi ridicule que de l’interdire !

Puis, scandant ses premiers mots avec des coups de poing abaissés dans le vide, Pausole articula lentement :

— Monsieur, l’homme demande qu’on lui fiche la paix ! Chacun est maître de soi-même, de ses