Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/274

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— Oui, vous êtes d’une modestie ridicule, fit Giglio avec tendresse. Comment vous croyez-vous donc faite ?

— Moi ? Comme une allumette-bougie…

— Parce que vous avez la tête rose et le corps blanc ?

— Surtout parce que je suis maigre. Vous ne direz pas non.

— Je dirai non tout de suite Vous, une maigre ? Vous êtes mince comme il faut être. Les jeunes filles de quinze ans qui ressemblent à des poussahs trouvent quelquefois des maris parce que leur double surface donne l’illusion de là bigamie ; mais des amants, c’est une autre affaire : elles sont trop difficiles à enlever.

Philis, qui avait le rire facile, fit une vocalise, puis demanda très sérieusement :

— Vous avez enlevé des jeunes filles, déjà ?

— Tout un pensionnat.

La petite le regardait avec admiration :

— Racontez-moi, dites ?

— Impossible, c’est un grand secret.

— Alors, sans les noms !… Où cela se passait-il ?

— En France. Je ne peux pas en dire plus…