Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/280

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d’Hélène, tout ce qu’Henri de Marsay répond à Mme de Maufrigneuse, et M. de Maupassant m’a tant de fois étreinte que j’ai envie de le renvoyer. Alors, je me mets à ma fenêtre et par la fente des jalousies je regarde avec cette jumelle ce qu’on fait à l’hôtel du Coq.

— Ah ! Ah !

— Oui. On y fait beaucoup de choses et personne ne croit être vu, mais cela aussi est monotone. J’avais quinze ans quand j’ai commencé à regarder chaque soir ce spectacle changeant. Aujourd’hui, j’en ai vingt-trois. Pendant les deux premières nuits, je me suis rapidement instruite. Pendant les huit années suivantes, je n’ai rien découvert que je n’eusse déjà vu, ou facilement imaginé. Pourtant, ces gens paraissent heureux ; plus heureux que je ne suis, croyez-moi.

— Ah ? dit Giguelillot sur un autre ton.

— Depuis des mois je n’avais rien vu d’aussi intéressant que ce qui s’est passé dans les trois derniers jours derrière les fenêtres de la grande chambre. Ces petites étaient délicieuses. J’ai prétexté une migraine et je suis restée sans cesse accoudée ici, à suivre leurs moindres mouvements. Je me relevais la nuit pour voir si elles n’avaient pas rallumé leurs flambeaux, et une fois ainsi, de