Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/283

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— Ah !… Expliquez-moi, je vous en prie. Vous m’avez donné, ce soir déjà, une définition de la pudeur qui n’est pas dans les dictionnaires. Continuez mon éducation. Dites-moi, maintenant, ce que c’est que la galanterie. Je vous écoute.

— Dans le sens où vous prenez le mot, mademoiselle, la galanterie est un jeu de scène très connu, mais assez fin, qui permet d’insulter impunément les dames en leur témoignant un respect qu’elles ont l’étourderie de demander elles-mêmes. C’est encore un excellent moyen de déguiser sous les dehors les plus aimables le repentir qui saisit la plupart des hommes au moment où ils se trouvent seuls avec l’objet de leurs longs désirs. Comme je suis fort loin d’éprouver ces sentiments indignes de vous, et comme votre beauté ne me laisse pas le loisir de modérer ceux qui m’agitent, je serai très « galant » tout à l’heure, mais dans le sens justement opposé à celui que vous regardez comme bon ; car ce mot-là, lui aussi, peut signifier le contraire de ce qu’il semble dire.

— Et si je vous criais que je vous déteste ?

— Alors, raison de plus.

— Vraiment !

— Oui. Vous obéir, ce serait m’en aller, c’est-