Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/291

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mieux disparaître, faire en sorte que personne ne puisse vous suivre à la piste…

— Et, sans savoir ce que je vous demanderais, vous m’avez promis tout à l’heure que vous m’aideriez jusqu’au bout. Ne l’oubliez pas, mon ami !


Giglio lui prit la main et lui dit très affectueusement :

— Vous avez tort.

— Non, non.

— Vous ne connaissez pas la vie où vous courez. Là tout se passe comme ailleurs et comme dans les familles : c’est-à-dire que le bonheur est divisé en deux parties : presque tout pour les hommes, presque rien pour les femmes. Cela tient, dit-on, à des événements qui se sont passés autrefois entre une pomme et un serpent. Les femmes sont sur la terre, pour être très malheureuses ; souvent sans raison aucune ; mais quand une cocotte se met à pleurer, je vous réponds qu’elle sait pourquoi.

— Voulez-vous me le dire ?

— Parce qu’elle joue avec un amour qui ne cesse de lui échapper. Parce qu’entre vingt hommes qu’elle déteste, elle en choisit un qu’elle chérit et que celui-là n’a qu’un désir, c’est de la quitter le