Avait-elle vraiment rêvé ?
D’abord elle n’en douta point. Les rêves de Diane à la Houppe entraient facilement dans le voluptueux et même dans l’imaginatif. Ils lui avaient suggéré bien des fantaisies qui, parfois, la laissaient pensive pendant une journée entière et qu’elle ne méditait point sans une sorte de respect, car elle eût été incapable de les construire à l’état de veille. Leur souvenir posait des jalons dans son existence monotone. Elle s’entendait clairement lorsqu’elle se disait que tel petit fait s’était passé avant le rêve du tambour-major ou après celui du petit nègre entre les deux institutrices. Aussi allait-elle se résoudre à classer le songe du page à la suite de beaucoup d’autres lorsque, ayant découvert des raisons d’incertitude qui ne lui étaient pas venues par la seule réflexion, et ne pouvant, d’autre part, accepter comme vraisemblable un événement aussi fantasque, elle plongea jusqu’au fond dans la perplexité.
Pausole, que les éclats du bronze avaient fini par distraire de son pesant et doux sommeil, se mit alors sur son séant, et, peu après, fut en bas du lit.
C’était l’heure où il s’occupait de ses affaires.
Il lui fallait un conseiller.