Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/322

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— C’est possible ; mais je croyais trouver ici un monde plus différent du mien, quelque chose de bouleversé, d’inouï, un contraste absolu. Et tout se passe pourtant comme dans le pays voisin… Les routes sont calmes, les moissons poussent, les métayers chassent de chez eux les filles de ferme qui se conduisent mal ; les soirées sont d’une tenue grave, et les jeunes filles paraissent élevées avec une certaine rigueur.

— Bien entendu. Rien ne change rien à l’homme, mon petit. On peut seulement lui rendre la vie un peu plus facile et douce en le laissant libre d’accomplir tout ce qui ne fait de mal à personne. Et voilà ce que j’ai voulu faire. Je crois même que depuis bien des siècles, je suis le premier législateur qui se soit donné pour principe de ne pas ennuyer les gens.

Philis s’agitait sur sa selle.

— Alors, Sire, on fait tout ce qu’on veut dans le harem ?… J’ai encore posé une question… Si je suis insupportable, il faut me le dire… Je suis habituée… On me gronde tout le temps.

— Non, tu n’es pas insupportable, dit Pausole. Et je t’aime ainsi. J’espère qu’au harem tu ne voudras rien faire qui n’y soit permis. En tout cas, ce n’est pas une prison, Tant que tu seras heureuse,