Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/33

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veaux. Familière (et imprudente), l’enfant qu’elle était demeurée attrapait ces roses fragiles comme des ballons en caoutchouc ; elle essayait de les rapprocher ; elle en chatouillait les pointes pâles ; elle leur faisait mille taquineries. Puis, changeant tout à coup de divertissement, la jambe gauche tendue, le genou droit plié, elle mesurait des yeux le galbe d’une hanche très jeune et qui, chaque jour, s’arrondissait. — Au fait, que n’admirait-elle point ? Par une singularité qui lui plaisait comme le reste, elle ne portait pas encore tous les signes extérieurs de son adolescence mais, tout bien examiné, elle trouvait à cela quelque chose de grec qui n’était pas messéant.


Et qui donc aurait-elle aimé si ce n’eût été sa chère image ? Son père ne lui avait pas donné d’autre amie.

On a pu le deviner déjà Pausole, si tolérant pour les mœurs de son peuple, l’était moins pour celles de sa fille.

Autant la chance lui était douce de rencontrer par les chemins de jeunes vierges sans vêtements, autant il se souciait peu de présenter dans le même costume la princesse héritière à ses fidèles sujets. — Non certes, qu’il fût retenu par je ne sais quel