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individuelles, et ils ne tentèrent point d’exprimer en public leur égoïsme inexcusable.


Introduite dans une des chambres qui précédaient le harem, Diane jeta sur la chaise longue, avec un soulagement très vif, les vêtements qu’on lui avait imposés pendant ses années de servitude familiale.

Et Pausole observait debout les révélations successives d’un corps teinté, ferme et vivace, tandis qu’elle ouvrait tour à tour la chemisette bossue, la jupe monastique, le difforme pantalon blanc.

Elle était plus belle encore que jolie ; son adolescence valait une maturité. Un torse rond, des épaules droites, des seins gorgés comme des pastèques, des jambes longues et bien en chair se délivrèrent agilement d’un multiple linge importun. Toute sa peau apparut, très brune, pleine et fertile, duveteuse même au creux des reins et sur la rondeur des cuisses, tandis que la chevelure noire, démordue de ses écailles dentées, recourbait sur le dos les plumes de son aile.


Les autres femmes du harem, quand on leur présenta cette beauté… ombreuse, trouvèrent qu’elle prêtait à rire et ne surent que lui imposer