Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/81

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penser à autre chose. Cette préoccupation m’accable. Pour peu qu’elle persiste, j’en ferai une maladie. Parlez-moi, mon ami. Changez l’ordre de mes idées.

Taxis enfla sa poitrine en baissant les yeux et poussa un soupir ému. Le ton bienveillant du Roi l’enhardissait. Il crut le moment opportun pour aborder un sujet qui lui tenait fort à cœur.

— Oserais-je donc, fit-il, attirer l’attention de Votre Majesté sur ma modeste personne ? Et si mes services, ou du moins mes efforts, recueillent l’auguste approbation de celui qui peut seul en juger l’importance, me sera-t-il permis d’exprimer ici l’espoir dont je me plais parfois à bercer mes solitudes ?

— Que signifie ce galimatias ? dit Pausole. Exprimez donc. Ne préambulez point.

— Je ne suis que commandeur de l’ordre des Colombes. Certes, et je me hâte de le dire, mes humbles ambitions personnelles sont comblées ; mais ma vieille mère, du fond de son hameau jurassien, aurait une joie bien touchante et peut-être un regain de vie à me savoir grand-officier… J’ajoute qu’à mon sens, la haute charge dont Votre Majesté a daigné me donner l’investiture mérite une distinction honorifique à laquelle je n’eusse