Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/91

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pourquoi, malgré la coutume, j’aime mieux prendre ton sentiment que de consulter, par exemple, le vénérable M. Palestre.

Giglio resta impassible.

Pausole, toujours plus expansif, continua comme s’il s’adressait à un confident familier :

— Jamais, disait-il, je ne me résoudrai à faire poursuivre cette enfant par la police de mon royaume. Il n’est pas convenable non plus que je la fasse ramener au palais par un envoyé spécial ; car, si je la sépare de l’inconnu qu’elle a gentiment suivi, ce n’est point certes pour la confier à un légat tout aussi compromettant et moins sympathique à ses yeux. Quant à lui dépêcher une femme, ce serait une pitoyable idée. Je n’y songerai pas un instant.

— Pourquoi ne pas aller la chercher vous-même ?

— Moi ?

— Vous !

— Moi-même ?

— Sans doute !

— Moi, m’en aller aux aventures à la recherche d’une petite fille qui s’est sauvée à travers champs avec un jeune premier que personne ne connaît ?

— Oui.

— Mon ami, tu abuses de ta vocation de fou.