Page:Louÿs - Les aventures du roi Pausole, 1901.djvu/94

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qui vous désappointe. C’est lui qui écarte de vous un bonheur toujours possible et toujours nouveau chaque matin. Vous périssez dans sa routine ; vous mourez de monotonie. Demain, son calendrier vous impose la Reine Denyse. L’aimez-vous ? Non. Vous ne l’aimez point. Et pourtant vous la subirez. Vous continuerez d’habiter les mêmes chambres, le même fauteuil, de voir le même horizon dans le cadre de la même fenêtre. Échappez donc à tout cela ! Il y a si peu de jours dans la vie : faites que pas un d’eux ne ressemble au suivant.

— Mais alors qui me conseillera, si je me lance dans cette équipée ?

— Qui ? Le hasard, la fantaisie. Laissez-vous tenter par la fortune de chaque jour et promener par la bonne étoile. Son conseil est facile à suivre.

— Puissé-je ne pas arriver, dit Pausole en secouant la tête, comme Melchior ou Balthazar, devant une crèche blonde et un petit enfant…

— Quand cela serait ? vous l’aimeriez. — Tu as raison. Et d’ailleurs nous y serons plus tôt. Les fugitifs dorment à deux pas. Il ne s’agit pas d’un voyage. Demain nous les rejoindrons sans doute.

— Vous partez ? Vous partez vraiment ?