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RÊVERIES POLITIQUES.

que l’aurore de votre vie fut éclairée par le soleil d’Austerlitz, que l’amour de la patrie fut votre premier sentiment, et que l’instruction solide que vous puisiez sous les ailes de la victoire donnait de bonne heure accès dans votre âme aux nobles passions qui font palpiter un cœur. Le malheur du règne de l’empereur Napoléon, c’est de n’avoir pu recueillir tout ce qu’il avait semé, c’est d’avoir délivré la France sans avoir pu la rendre libre.

Mais les hommes sont souvent injustes envers ceux qui leur ont fait le plus de bien ; ils s’enthousiasment des noms et négligent les choses réelles. « Sylla, homme emporté, mène violemment les Romains à la liberté ; Auguste, rusé tyran, les conduit doucement à la servitude. Pendant que sous Sylla la République reprenait des forces, tout le monde criait à la tyrannie, et pendant que sous Auguste la tyrannie se fortifiait, on ne parlait que de liberté. »

Nul doute qu’il ne faille aujourd’hui des lois immuables qui assurent à jamais le bonheur et les libertés du pays ; mais n’oublions pas qu’il y a des moments de crise d’où la patrie ne saurait sortir triomphante qu’avec le génie d’un Napoléon ou la volonté immuable d’une Convention ; car il faut une main forte qui abatte le despotisme de la servitude avec le despotisme de la