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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/40

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pas à la façon que se figurait le bon peuple du royaume de Sigourie.

Le grand sénéchal, qui était certes au courant de la vérité aussi bien que la reine-mère et la princesse Églantine elle-même, avait donc raconté une fable à son fils en lui parlant d’un prétendu mariage secret du jeune roi. Qu’on ne s’en étonne pas ; il avait, pour cela, une bonne raison. Il avait, en effet, fort justement pensé qu’Hector, s’il avait été prévenu a l’avance, n’eût jamais consenti à jouer jusqu’au bout le rôle qu’on attendait de lui.

— Lorsqu’il se trouvera en présence d’une jeune et jolie princesse, s’était dit le père de la pseudo-Yolande, la chair sera la plus forte, il ne pourra résister à l’appel de ses sens et il oubliera complètement sa Séraphine.

Les faits avaient prouvé que le grand sénéchal ne se trompait pas.

Une seule chose le chagrinait un peu : c’est, nous l’avons vu, qu’Hector et Églantine étaient frère et sœur, le grand sénéchal et la reine-mère Radegonde considérant la princesse-roi comme le fruit de leurs amours coupables, ce en quoi d’ailleurs ils n’avaient nullement tort, car la mère d’Églantine-Benoni était certaine que feu le roi Benoni XIII, malade depuis fort longtemps, n’avait même pas collaboré à la confection de la moindre parcelle du lobe de la petite oreille de la princesse qui était devenue roi sous le nom de Benoni XIV.

viii

Séraphine se désespère et se console


Hector de Vergenler, n’ayant pu joindre durant la journée du mariage royal le colonel des hallebardiers de la garde, la princesse Séraphine ne reçut pas le message que voulait lui faire porter son amant. Elle ne devait d’ailleurs jamais le recevoir, car le lendemain, le fils du sénéchal eût pu rencontrer vingt fois Adhémar de Chamoisy qu’il ne l’eût chargé d’aucune mission auprès de la fille du duc de Boulimie.

La nuit de noces si bien commencée s’était poursuivie, en effet, par des transports renouvelés au cours desquels la jeune Églantine s’était montrée aussi passionnée qu’eůt pu l’étre la pauvre Séraphine. À présent que la tentation avait été la plus forte et qu’il avait succombé, Hector se sentait beaucoup moins ardemment amoureux de sa première maîtresse. Quelle inconstance ! pensera-t-on… Et comment pouvait-il oublier ainsi une pauvre fille qui s’étiolait et consumait sa belle jeunesse dans un triste couvent par amour pour lui ?