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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/49

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— Passez, révérende mère, dit-il.

Et Séraphine sortit. Ils avaient trouvé ce stratagème, car ils n’ignoraient pas que la supérieure avait ainsi coutume certains soirs, de quitter le couvent pour aller rejoindre le colonel des hallebardiers…

Quelques minutes après, les sabots de deux chevaux au galop résonnaient sur le pavé d’une rue voisine. C’étaient Arnaud et Séraphine qui s’enfuyaient.

Ils chevauchèrent une grande partie de la nuit.

— Où me conduisez-vous ? demanda la princesse.

— Dans une retraite sire, qui n’est autre que la maison de ma mère nourricière au village de Gerbedor.

Ils arrivèrent avant le jour, et la nourrice d’Arnaud, renseignée par celui-ci, accepta de cacher les deux amoureux, qui n’eurent rien de plus pressé que de gagner la chambre que la brave femme mit à leur disposition.

Arnaud avait tout prévu ; d’une caisse que portait son cheval, il sortit des robes et du linge pour Séraphine, afin qu’elle pût reprendre des habits de son sexe.

Mais, cette fois, il ne se retira pas tandis qu’elle se déshabillait.

Il l’aida même à se défaire de son costume de cavalier et, ma foi, avant qu’elle revêtit de nouveaux vêtements, il ne put s’empêcher de lui dire quel trouble produisait en lui les charmes secrets qui lui étaient ainsi revélés.

Séraphine accepta cet hommage et même elle répondit :

— Ô mon sauveur, mon brave chevalier, ce que tu as délivré avec tant d’audace est maintenant ton bien. Je hâte de recevoir tes caresses.

Enlacés l’un à l’autre, leurs lèvres échangèrent des nouveaux baisers non moins passionnés que ceux de la veille. Mais leurs chairs brûlaient d’un égal désir, ils n’attendirent pas plus longtemps pour les satisfaire et se prouver combien grand était leur amour l’un pour l’autre.

Dès ce moment, Hector n’existait pas plus pour Séraphine que Séraphine pour Hector, et le fils du sénéchal pouvait chasser de son esprit tout remords d’avoir délaissé la fille du duc de Boulimie pour la charmante princesse-roi Églantine.

Mais durant le temps qu’Arnaud et Séraphine filaient ainsi le parfait amour, un grand branlebas se produisait au couvent des Puritaines où l’on s’était aperçu de la fuite de la sœur Marie-Anne.

La supérieure, en apprenant que Séraphine était partie en compagnie du lieutenant Arnaud, faillit se trouver mal. Ainsi, c’était son fils qui avait joué le rôle de ravisseur.