Aller au contenu

Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 59 —

— Ne raillez pas, dit Hector… Homme ou femme, madame est votre souveraine…

— Ma souveraine… vraiment… cela est fort plaisant !… Croyez-vous que je vais m’incliner devant celle qui, depuis vingt ans, usurpe le trône qui revient à mon père, lequel est le véritable roi Népomucène VIII, et sera demain proclamé comme tel !…

Si encore à cette supercherie vous n’ajoutiez pas l’odieux d’un crime qu’aucun châtiment ne sera trop sévère pour expier !…

Mais je ne peux contenir mon indignation en voyant dans la même couche, échanger des paroles d’amour, le frère et la sœur !…

Et Séraphine se montra sans pitié ; elle dit tout ce que lui avait appris Arnaud, et elle posa ses conditions à l’abdication de Benoni XIV. Toutefois, elle fut assez habile pour ne pas parler de ses projets d’enfermer les coupables chacun dans un couvent, et leur promit qu’on les laisserait vivre ensemble dans un château éloigné, s’ils voulaient continuer à se regarder comme mari et femme, malgré leur parenté.

Églantine et Hector étaient atterrés.

— Si ce que dit Séraphine est vrai, dit la reine, nous sommes maudits. Mais je ne peux croire que ma mère ait laissé s’accomplir pareil sacrilège… je ne peux croire que cela soit vrai, car la nature aurait parlé en nous et nous eût empêché de nous aimer d’amour !

— Ce serait trop épouvantable ! répondait Hector… Séraphine, vous avez été abusée sur ce point !

— Allez donc le demander à la reine Radegonde, puisque vous en doutez. Mais quoi qu’il en soit, je compte que dès demain vous remettrez le pouvoir à celui qui est le seul et légitime héritier du trône !…

Séraphine se retira. Les deux époux royaux la laissèrent partir… et lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, ils mêlèrent leurs larmes.

Églantine sanglotait, blottie sur la poitrine d’Hector… Et tout doucement, elle lui dit :

— Ô Hector, c’est effrayant à penser, mais quand même tu serais mon frère, je ne peux m’empêcher de t’aimer d’amour !…

— Hélas ! Moi non plus, chère Églantine !…

Je ne regretterai pas la couronne, vois-tu, mais je mourrai si je dois renoncer à toi !

— Mon aimée, nous ne renoncerons pas l’un à l’autre, quoi qu’il arrive !…

Et ils acceptèrent l’inceste plutôt que de supporter l’idée d’une séparation qui leur serait trop cruelle à l’un et à l’autre.