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Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/63

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et moi, nous avons découvert, et comment je viens de retrouver le trône que vous m’accusez depuis si longtemps d’avoir laissé échapper.

Mon époux et moi, en outre, avons voulu être les premiers à saluer le véritable roi de Sigourie, mon père bien-aimé, notre sire Népomucène VIII

— Que dis-tu là ?… s’écria le duc de Boulimie… Vite, vite, explique-toi !… Comment suis-je roi ?…

Alors Séraphine parla, elle dit tout ce qui s’était passé depuis la veille, sans omettre la façon dont elle avait surpris Hector et Églantine pour leur arracher la promesse de rendre la couronne à qui elle revenait de droit…

Le duc de Boulimie ne put retenir sa colère :

— Sur les cendres de mes aïeux, s’écria-t-il, ces Vergenler, le père et le fils, sont d’infâmes gredins qui méritent mille fois la mort. Je devrais les faire supplicier…

Mais je veux goûter moi-même le plaisir de ma vengeance, et je jure qu’ils ne périront que de ma main et qu’aucune autre épée que la mienne ne leur passera au travers du corps.

Mort de ma vie ! J’ai soif de leur sang et je ne veux pas attendre pour les aller expédier l’un et l’autre au royaume des enfers où ils s’expliqueront avec messire le diable !…

Joignant le geste à la parole, le duc tirait incontinent son épée et se dirigeait vers la porte…

Mais il se produisit alors un événement imprévu.

La duchesse, qui n’avait encore rien dit, déclara :

— Non !… Non !… Vous ne le ferez pas… Arrêtez !… Arrêtez !…

Surpris, le duc Népomucène regarda la princesse Sigeberte.

— Comment, dit-il, c’est vous qui les défendez ?

La duchesse se jeta alors aux pieds de son mari.

— Écoutez-moi… Écoutez-moi, je vous en supplie… Vous ne savez pas tout. Il y a un autre secret, qu’ignorent le marquis et la marquise de Gerbedor !

— Quand il y aurait dix autres secrets, cela pourrait-il m’empêcher de tuer de ma main cet imposteur qui, après avoir séduit notre fille, a osé prendre la place de la reine dans le lit royal, ainsi que son sénéchal de père…

— Hector de Vergenler n’est pas le fils du sénéchal !

— Et qui donc alors serait son père ?

— Qui donc ?… Vous-même, monseigneur !

À ces mots, le duc de Boulimie fit trois pas en arrière, tant sa surprise fut grande, et il laissa choir sur le sol l’épée qu’il brandissait dans sa main :

— Moi ! fit-il. Moi, le père de ce brigand !

Quant à Séraphine, elle n’était pas moins étonnée, et elle tomba assise sur une chaise, en disant :