Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/110

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ment des considérations exposées ci-dessus…

Il n’est pas en notre pouvoir d’arrêter l’élan colonialiste, qui est engendré spontanément par le régime capitaliste ; car si les socialistes étaient assez forts pour rompre cette course aventureuse, si les prolétaires étaient assez organisés pour opposer leur veto à toute entreprise nouvelle, ils conclueraient légitimement qu’ils sont devenus les maîtres de l’État ; et alors leur action, de négative, deviendrait positive ; la résistance céderait la place à l’assaut.

Mais la classe ouvrière ne saurait non plus se laisser prendre au mirage des mots, aux séductions de la phraséologie humanitaire. Elle doit reconnaître qu’il n’y a point de colonisation pacifique, que toute colonisation détermine la violence, la guerre, le sac des villes, la spoliation des tribus, l’asservissement plus ou moins déguisé. Son autorité est assez grande déjà, pour qu’elle marque sa solidarité effective avec les indigènes annexés, en revendiquant pour eux des droits essentiels, des sauvegardes d’existence et de subsistance ; elle profitera de tous les débats, qui s’ouvrent dans une enceinte quelconque, pour flétrir la conquête exotique, l’impérialisme, pour déduire les conséquences logiques de l’expansion capitaliste.

Le colonialisme sera aux mains des prolétaires conscients, s’ils s’attachent à l’étude minutieuse des phénomènes contemporains, un puissant et admirable instrument de propagande. C’est en l’examinant qu’on saisit sur le vif toutes les tares de l’État moderne et qu’on