Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

missionnaires soient exterminés, que les trafiquants soient attirés dans d’abominables guet-apens ? La civilisation, que nous avons reçue en dépôt des Grecs et des Romains, nous ne saurions la garder immobile, inféconde entre nos mains. De même que les chrétiens et les musulmans firent œuvre de propagande pour leur foi, en parcourant le monde, l’épée à la main ou le cimeterre au poing ; de même, nous manquerions à notre tâche la plus sacrée, si nous n’allions pas supprimer, sur la côte de Guinée, les massacres traditionnels, ou abolir la traite sur les grands lacs africains ! Ainsi l’humanité est intéressée aux entreprises publiques ou privées des Européens dans les terres vierges. Chaque expédition, chaque conquête, marque un progrès de la justice, de l’ordre, de la science, de la bonté. Ceux qui combattent les aventures, au nom d’on ne sait quels principes erronés, sont des ennemis de l’évolution du monde, des ignorants, des rétrogrades. Un pays se déshonorerait, s’il n’essayait pas d’arracher à sa torpeur séculaire, à sa barbarie honteuse, quelque parcelle des contrées à demi explorées. À l’inverse, il saisit des titres de gloire devant la postérité, s’il accomplit une œuvre utile et durable d’assimilation. Voilà la substance de certains développements que J. Ferry en France, Crispi en Italie prodiguèrent jadis, à l’époque de la grande poussée.

Mais ce n’est pas tout : pour justifier ce programme d’expansion civilisatrice, on a façonné la théorie des races inférieures. Le blanc est