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CHAPITRE III

GUERRES ET RÉVOLTES


La pénétration pacifique n’est qu’un vain mot, une formule creuse qu’on jette en pâture aux esprits ingénus, et qui finalement ne dupe plus personne. La guerre et l’insurrection armée constituent le fond des histoires coloniales. Si l’on s’attache spécialement à l’expansion exotique de la France depuis 25 ans, on s’aperçoit que la violence y a tenu une part prépondérante. Les faits se déroulent toujours avec une régularité, qu’on pourrait taxer de monotone : quelques capitalistes français se créent des intérêts dans une contrée asiatique ou africaine ; des diplomates s’en vont négocier des traités équivoques avec les pouvoirs locaux, et tâchent peu à peu de transformer l’accord d’amitié ou de libre négoce en tutelle économique et militaire. Au bon moment, le gouvernement obtient d’une banque, d’un établissement de crédit, que quelques millions soient prêtés au sultan ou au roi du pays. Ensuite, un beau jour, des difficultés éclatent, dont l’origine manque parfois de clarté. Des pillards, dont l’existence peut demeurer fictive, tels les Kroumirs de Tunisie, sont dénoncés à l’émotion publique ; le drapeau est insulté et l’honneur national