Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/40

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deuils cruels, et concentra, sur deux petits peuples, toute sa puissance offensive, faucha plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Et la paix majestueuse de la Rome antique ne règne pas encore partout dans l’Empire britannique. À chaque instant, une nouvelle campagne peut être entreprise dans ce désert du Somaliland, où les colonnes anglaises ont subi de graves échecs en 1903 et 1904. Comme la France, le Royaume-Uni peut dire qu’il n’a pas connu d’année sans campagne, et si l’on demandait à son gouvernement quelles terres il a gagnées par la douceur, il serait fort embarrassé pour faire une énumération.

L’Italie, plus que toute autre nation, a expérimenté les difficultés pratiques du colonialisme. Alors que la France et l’Angleterre venaient à bout des résistances indigènes, elle a eu l’infortune de se heurter à un État à peu près organisé, l’Abyssinie, qui lui a porté de terribles atteintes.

Si elle s’était imaginé établir des tutelles sans coup férir, elle a payé lourdement son erreur. Le négus Ménélik à Dogali, à Ambalagi, à Adoua, a vengé tous les peuples africains, qu’on avait asservis.

L’Allemagne n’a pas non plus éprouvé la fameuse pénétration pacifique ; et l’Union Américaine n’a planté son pavillon sur Cuba et sur les Philippines qu’après avoir livré des batailles aux flottes et aux armées de l’Espagne.

Au surplus, à toutes les époques de l’histoire, la colonisation s’est entourée de brutalités. S’il est arrivé que des peuplades ont livré passage