Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/43

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Semant la corruption à pleines mains, disposant d’inépuisables fonds secrets, ils s’enquièrent des moindres mouvements, si bien que tout élan subit devrait être prévu et prévenu. Mais il y a plus : la force de la souveraineté anglaise réside surtout dans le développement des voies ferrées, — subordonné aux nécessités de la stratégie intérieure, — et dans la composition de l’armée.

L’insurrection de 1857 fut une leçon dont la métropole tira grand profit. Au moment où les cipayes célébrèrent le centenaire de la bataille de Plassey en courant aux armes, les troupes indiennes ne comprenaient que 40,000 Européens contre 215,000 natifs, c’est à dire que la proportion n’était même pas de 1 à 5. Au lendemain de la victoire, le premier soin du Royaume-Uni fut de réformer cette milice, et à l’heure actuelle, la proportion des Européens dépasse le tiers.

Pour l’ensemble de l’armée, l’on compte 5,216 officiers européens contre 1,578 officiers indigènes, 70,672 soldats européens contre 135,853 soldats indigènes ; l’artillerie ne comprend que 2,000 servants indigènes contre 12,916 européens.

Ce sont ces forces militaires qui sont la sauvegarde de la mainmise britannique ; car les princes de la Péninsule savent, par expérience, que la plus légère sédition serait châtiée avec une extrême rigueur. Dans les autres parties de leur empire, dans toutes celles du moins où subsistent des populations noires ou jaunes,