Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/58

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corps de troupes et pour les administrations civiles, les travaux publics sont réduits à la portion congrue. Que si le gouvernement décide de leur conférer quelque dotation, les crédits s’évaporent en malfaçons ; les devis primitifs sont portés par les entrepreneurs au triple ou au quadruple, comme il est arrivé pour les lignes ferrées du Sénégal et de l’Indo-Chine. Des sommes considérables sont prodiguées, sans qu’on aboutisse à un résultat économique sérieux.

Mais, nous l’avons dit, à côté du budget apparent des colonies, il est un autre budget, qui se dissimule dans l’ensemble des états financiers. Chacune des expéditions du Dahomey, du Tonkin, de Madagascar, chacune des colonnes soudanaises a donné lieu à ouverture de chapitres, qui étaient portés au compte de la marine ou de la guerre, et qui représentaient des millions, des centaines de millions. Fournir des approximations suffisantes est ici impossible : il faut dire seulement qu’en certains exercices, les dépenses extraordinaires de l’empire exotique ont dépassé de beaucoup les dépenses ordinaires.

Ces expéditions de 1885, de 1893, de 1895, pèsent encore sur le contribuable de 1905, et pèseront sur les générations futures, parce que souvent, faute de disponibilités, elles ont été payées par l’emprunt. De combien la conquête de l’Algérie ou de l’Indo-Chine a-t-elle grossi la dette, et pour combien figure-t-elle dans les arrérages de la rente ? Il serait intéressant de