Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/7

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été assujettis, astreints à l’impôt, incorporés aux milices, forcés au travail le plus pénible et le plus mal rétribué, si bien que leur sort a semblé plus lamentable et plus dur que la condition des prolétaires blancs les moins favorisés.

L’Europe et après elle l’Union américaine, issue de souches européennes, se sont déversées sur toutes les terres qui demeuraient disponibles. Cette occupation brutale évoque les souvenirs historiques des grandes migrations de peuples, des invasions barbares, — des avalanches humaines qui se succédèrent de l’apparition des Cimbres à la prise de Constantinople. Le phénomène est assez ample et assez saisissant pour secouer notre indifférence ; il vaut d’être étudié en lui-même, dans ses causes, dans ses conséquences multiples.

Ce n’est pas uniquement parce qu’il s’est, à vrai dire, universalisé, et parce qu’il a brisé tous les cadres, qu’il mérite d’être examiné minutieusement. Il intéresse, au plus haut degré, la vie présente et aussi l’avenir du prolétariat. Il importe de rechercher quelle influence le colonialisme peut et doit exercer sur l’évolution des sociétés, quels éléments perturbateurs il jette dans l’atmosphère, quels effets économiques il engendre nécessairement.

Ces quelques observations précisent le sens de ce petit livre, et en circonscrivent en même temps le domaine. La classe ouvrière, qui sera l’instrument d’unification de l’humanité future, ne saurait pourvoir à toutes ses tâches, si elle ne connaissait exactement le milieu où elle opère.

Or, l’on n’a pas défini tout le régime contemporain, lorsqu’on a signalé l’extension du machi-