Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/77

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Pendant longtemps, on a cru que le commerce devait suivre le pavillon, qu’il suffirait de conquérir une contrée pour obtenir ensuite, par la seule persuasion, le monopole de son marché. Il a fallu, à la lumière des faits, reconnaître l’illégitimité de cette thèse. Les dépendances ne s’adressent pas exclusivement au pays suzerain, pour se procurer leurs denrées de consommation et leurs produits manufacturés. Elles tâchent d’acheter au meilleur compte possible, de même qu’elles s’efforcent de vendre leurs matières premières, leurs huiles, leurs cafés, le plus cher qu’elles pourront. L’erreur initiale du colonialisme apparaît dans les statistiques : il est inutile de se rendre maître d’un pays, pour entretenir avec lui d’abondants rapports. Au contraire, par les charges dont elles grèvent le budget, par les frais qu’elles imposent aux contribuables, les annexes exotiques peuvent mettre en infériorité, dans la concurrence quotidienne, l’industrie et le commerce métropolitains.

En plantant un drapeau, on n’acquiert pas nécessairement un marché. Ce qui détermine une communauté, encore jeune ou déjà mûre, à donner sa préférence à tels commerçants, c’est le prix et la qualité du produit, c’est aussi la facilité et la rapidité du transport. Ainsi croule de prime abord l’un des dogmes chers aux colonialistes.

Examinons maintenant, pour vérifier ce développement, le trafic des colonies britanniques.

Leur commerce s’élevait, en 1903-1904 (Inde