Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/89

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de guerres, le colonialisme alourdit, à chaque heure, la cuirasse qui écrase les peuples de race blanche. Les nations augmentent leurs armées et leurs flottes, au fur et à mesure qu’elles allongent leurs frontières sur d’autres continents, et qu’elles ont plus de sujets à conserver, ou plus d’ambitions à assouvir.

Plus loin, nous examinerons la transposition de points de vue, qui s’est opérée dans la politique des grands États, depuis que le champ de bataille des hommes dits civilisés s’est élargi à l’infini, et que le Congo ou le Niger, le Nil ou le Mé-Kong, ont remplacé, dans les préoccupations des gouvernants, l’Escaut ou le Rhin, le Pô ou le Danube. S’il est un fait incontestable, c’est que la méthode des armements renforcés a prévalu en même temps que celle des expéditions en territoire barbare. Les champions du colonialisme ont toujours été les champions des gros budgets militaires, et c’est à peine s’il est besoin de justifier logiquement un rapport qui apparaît à tous les yeux.

Mais le militarisme n’est pas seulement déplorable parce qu’il prélève des dotations colossales sur le revenu public, ou mieux sur le salaire des prolétaires ; il ne doit pas être uniquement dénoncé et flétri, parce qu’il sort du mécanisme capitaliste, dont il est à la fois le produit et la sauvegarde provisoire ; il suscite encore la condamnation, parce qu’il exerce une influence déprimante sur la moralité des peuples. Ses tares, après tout, sont celles du colonialisme.