ses fabriques, il périra, et pour sauvegarder son existence, il ne répugne point à saisir par la force la clientèle des autres États.
L’Angleterre et l’Allemagne vivent dans une perpétuelle crise de tension. Ce ne sont point des litiges européens qui les dressent l’une contre l’autre. L’Allemagne, qui a Hambourg et Brême, n’a plus besoin de Rotterdam ou d’Anvers, et l’Angleterre n’aspire plus à prendre pied sur le continent et à redevenir vulnérable. Mais la Grande-Bretagne voudrait tuer le trafic grandissant de l’empire germanique, et par suite lui ravir les stations qu’il s’est créées sur les mers, tandis que celui-ci, mal partagé dans la délimitation de l’Afrique et de l’Asie, souhaiterait bien enlever quelque riche marché au Royaume-Uni.
Pendant plusieurs années, l’Angleterre et la France se sont mesurées du regard. La France entendait empêcher sa rivale de construire sa ligne ferrée du Cap au Caire, et le cabinet de Londres eût été fort aise de dépecer une fois de plus le domaine colonial que le gouvernement de la République s’était reconstitué.
D’une face à l’autre du monde, les problèmes de débouchés, se substituant aux problèmes de frontières, arment les unes contre les autres les nations industrielles. La France et l’Allemagne sont beaucoup plus animées par leurs convoitises africaines, que par les souvenirs de 1870-71 et par l’annexion de l’Alsace-Lorraine. La France et l’Italie ont failli en venir aux mains, non point pour la ligne des Alpes, mais