Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/97

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Mais il ne suffit pas d’entretenir sur place des contingents permanents, capables à la fois de refouler une révolte des natifs et de repousser une invasion étrangère. Il importe que les communications soient établies, avec quelque certitude, entre la métropole et les diverses parties de son empire. La France, qui envisage l’éventualité d’une rupture avec le Japon et d’une descente des troupes nipponnes dans le golfe du Tonkin, n’ignore point que les 34,000 hommes cantonnés dans l’Indo-Chine seraient impuissants à soutenir pareille attaque. Il lui faut donc déverser à temps des régiments sur son domaine asiatique, et aussi lutter sur mer, pour couper la route aux transports de l’ennemi. Cette action à double fin ne se peut concevoir que par le renforcement de l’escadre, et par l’entretien de divisions navales égales à celles dont le Mikado disposerait en ces parages. On doit donc s’attendre à de nouvelles demandes de crédits de la part du gouvernement.

De même, si l’Allemagne rêve de disputer au Royaume-Uni sa prééminence commerciale, et d’arracher par suite aux Anglais quelques-uns de leurs dépôts de charbon ou de leurs annexes lointaines, il lui convient de développer ses armements sur mer ; — et telle est en effet la préoccupation qui assiège, depuis plusieurs années, Guillaume II, ses ministres et la ligue navale, plus ou moins officieuse, qui a été chargée de stimuler l’opinion. Le cabinet de Berlin aspire à créer une flotte qui puisse rivaliser avec