Omnibus errantes terris et fluctibus æstas.
CHAPITRE PREMIER.
Direction de la route en sortant du détroit. — Rencontre des premières îles. — Observation sur une de ces îles. — Archipel dangereux. — Archipel de Bourbon. — Vue de Taïti. — Trafic avec les insulaires. — Mouillage à Taïti.
epuis notre entrée dans la mer occidentale, après
quelques jours de vents variables du sud-ouest
au nord-ouest par l’ouest, nous eûmes promptement
les vents de sud et de sud-sud-est. Je ne
m’étais pas attendu à les trouver si tôt ; les vents
d’ouest conduisent ordinairement jusque par les
trente degrés, et j’avais résolu d’aller à l’île Juan Fernandès, pour
tâcher d’y faire de bonnes observations astronomiques. Je voulais
ainsi établir un point de départ assuré pour traverser cet Océan
immense, dont l’étendue est marquée différemment par les différents
navigateurs. La rencontre accélérée des vents de sud et de sud-est
me fit renoncer à cette relâche, laquelle eût allongé mon chemin.
Lorsque nous fûmes dans la mer Pacifique, je convins avec le commandant de l’Étoile, qu’afin de découvrir un plus grand espace de mers, il s’éloignerait de moi dans le sud tous les matins à la distance que le temps permettrait sans nous perdre de vue, que le soir nous nous rallierions, et qu’alors il se tiendrait dans nos eaux environ à une demi-lieue. Par ce moyen, si la Boudeuse eût rencontré