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CHAPITRE VII.

Difficultés de la navigation dans les Moluques. — Vue du détroit de Button. — Aspect du pays. — Premier mouillage. — Trafic avec les habitants. — Second, troisième et quatrième mouillages. — Avis nautiques. — Cinquième et sixième mouillages. — Grande visite des insulaires. — Situation des Hollandais à Button. — Avis nautiques. — Passage du détroit de Saleyer. — Description de cette partie de la côte de Célèbes. — Difficulté de la navigation dans cette partie. — Suite de la direction de la route. — Vue de l’île de Java. — Rencontre de navires hollandais. — Route le long de Java. — Erreur dans l’estime de notre route. — Route jusqu’à Batavia. — Mouillage à Batavia.


Quoique je fusse convaincu que les Hollandais représentent la navigation dans les Moluques comme beaucoup plus dangereuse encore qu’elle ne l’est effectivement, je n’ignorais cependant pas qu’elle fût semée d’écueils et de difficultés. La plus grande était pour nous de n’avoir aucune carte fidèle de ces parages, les cartes françaises de cette partie de l’Inde étant plus propres à faire perdre les navires qu’à les guider. Je n’avais pu tirer des Hollandais de Boëro que des connaissances vagues et des lumières fort imparfaites. Lorsque nous y arrivâmes, le Draak devait en partir sous peu de jours, pour conduire un ingénieur à Macassar, et j’avais bien compté le suivre jusque-là ; mais le Résident donna ordre au commandant de ce sénau de rester à Cajeli jusqu’à ce que nous fussions sortis. Ainsi nous appareillâmes seuls, et je dirigeai ma route pour passer au nord de Boëro et aller chercher le détroit de Button, que les Hollandais nomment Button’s strat.

Nous rangeâmes la côte de Boëro environ à une lieue et demie de distance, et les courants ne nous firent éprouver aucune différence sensible jusqu’à midi. Nous avions aperçu le 8 au matin les îles de Kelang et de Manipa. Depuis la terre basse que l’on prit à la sortie du golfe de Cajeli, la côte est fort élevée et court sur l’ouest-nord-ouest et ouest-quart-nord-ouest. Le 9, nous eûmes connaissance dans la matinée de l’île de Xullabessie. Elle est peu considérable, et les Hollandais y ont un comptoir dans une redoute