uoique je fusse convaincu que les Hollandais représentent
la navigation dans les Moluques comme beaucoup
plus dangereuse encore qu’elle ne l’est effectivement, je
n’ignorais cependant pas qu’elle fût semée d’écueils et
de difficultés. La plus grande était pour nous de n’avoir aucune carte
fidèle de ces parages, les cartes françaises de cette partie de l’Inde
étant plus propres à faire perdre les navires qu’à les guider. Je
n’avais pu tirer des Hollandais de Boëro que des connaissances
vagues et des lumières fort imparfaites. Lorsque nous y arrivâmes,
le Draak devait en partir sous peu de jours, pour conduire un ingénieur
à Macassar, et j’avais bien compté le suivre jusque-là ; mais le
Résident donna ordre au commandant de ce sénau de rester à Cajeli
jusqu’à ce que nous fussions sortis. Ainsi nous appareillâmes seuls,
et je dirigeai ma route pour passer au nord de Boëro et aller chercher
le détroit de Button, que les Hollandais nomment Button’s strat.
Nous rangeâmes la côte de Boëro environ à une lieue et demie de distance, et les courants ne nous firent éprouver aucune différence sensible jusqu’à midi. Nous avions aperçu le 8 au matin les îles de Kelang et de Manipa. Depuis la terre basse que l’on prit à la sortie du golfe de Cajeli, la côte est fort élevée et court sur l’ouest-nord-ouest et ouest-quart-nord-ouest. Le 9, nous eûmes connaissance dans la matinée de l’île de Xullabessie. Elle est peu considérable, et les Hollandais y ont un comptoir dans une redoute