Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hottentots ne les molestent point. Une des plus belles parties de la colonie du Cap est celle à laquelle on a donné le nom de petite Rochelle. C’est une peuplade de Français chassés de leur patrie par la révocation de l’Édit de Nantes. Elle surpasse toutes les autres par la fécondité du terrain et l’industrie des colons. Ils ont conservé à cette mère adoptive le nom de leur ancienne patrie, qu’ils aiment toujours, toute rigoureuse qu’elle leur a été.


Sainte-Hélène.

Le gouvernement envoie de temps en temps des caravanes visiter l’intérieur du pays. Il s’en est fait une de huit mois en 1763. Le détachement perça dans le nord et fit, m’a-t-on assuré, des découvertes importantes ; ce voyage n’eut pas cependant le succès qu’on devait s’en promettre ; le mécontentement et la discorde se mirent dans le détachement et forcèrent le chef à revenir sur ses pas, laissant ses découvertes imparfaites. Les Hollandais avaient eu connaissance d’une nation jaune, dont les cheveux sont longs, et qui leur a paru très farouche.

C’est dans ce voyage que l’on a trouvé le quadrupède de dix-sept pieds de hauteur dont j’ai remis le dessin à M. de Buffon ; c’était une femelle qui allaitait un faon dont la hauteur n’était encore que de sept pieds. On tua la mère, le faon fut pris vivant, mais il mourut après quelques jours de marche. M. de Buffon m’a assuré que cet animal est celui que les naturalistes nomment la girafe. On