pénible, qui commençait avec l’aurore et que la nuit seul interrompait. Le fort fut construit assez solidement, le canon mis en batterie et, dans le milieu de cette petite citadelle, nous élevâmes un obélisque de vingt pieds de hauteur. L’effigie du roi décorait une de ses faces, et on enterra sous ses fondements quelques monnaies avec une médaille, où sur un côté était gravée la date de l’entreprise, sur l’autre on voyait la figure du roi avec ces mots pour exergue : Tibi serviat ultima Thule.
Telle était l’inscription gravée sur cette médaille :
ÉTABLISSEMENT
DES ISLES MALOUINES,
SITUÉES AU 51 DEG. 30 MIN.
DE LAT. AUST. ET 61 DEG. 50 MIN.
DE LONG. OCCID. MÉRID. DE PARIS,
PAR LA FRÉGATE L’AIGLE, CAPITAINE
P. DUCLOS GUYOT, CAPITAINE DE BRÛLOT,
ET LA CORVETTE LE SPHINX, CAPIT. F. CHÉNARD
DE LA GIRAUDAIS, LIEUT. DE FRÉGATE, ARMÉES PAR
LOUIS-ANTOINE DE BOUGAINVILLE, COLONEL D’INFAN-
TERIE, CAPITAINE DE VAISSEAU, CHEF DE L’EXPÉDITION, G.
DE NERVILLE, CAPITAINE D’INFANTERIE, ET P. D’ARBOU-
LIN, ADMINISTRATEUR GÉNÉRAL DES POSTES DE
FRANCE : CONSTRUCTION D’UN FORT ET D’UN
OBÉLISQUE DÉCORÉ D’UN MÉDAILLON DE SA
MAJESTÉ LOUIS XV. SUR LES PLANS D’A.
L’HUILLIER, INGÉN. GÉOGR. DES CAMPS
ET ARMÉES, SERVANT DANS L’EXPÉ-
DITION ; SOUS LE MINISTÈRE
D’É. DE CHOISEUL, DUC
DE STAINVILLE. EN
FÉVRIER 1764.
avec ces mots pour exergue : Conamur tenues grandia.
Cependant, pour encourager les colons et augmenter leur confiance en des secours prochains que je leur promis, M. de Nerville consentit à rester à leur tête et à partager les hasards de ce faible établissement aux extrémités de l’univers, le seul qu’il y eût alors à une latitude aussi élevée dans la partie australe de notre globe. Le 5 avril 1764, je pris solennellement possession des îles au nom du roi, et le 8 je mis à la voile pour la France.
Le 6 octobre de la même année, je repartis de Saint-Malo sur