Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/55

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robustes et sains que ces contrées enchanteresses où la chaleur et l’abondance qui en est la suite ne tendent qu’à énerver les habitants : telles furent les ressources que la nature nous présenta. Elles effacèrent bientôt la mauvaise impression qu’un premier aspect nous avait fait éprouver et justifièrent notre tentative.

On pourrait ajouter que les Anglais, dans leur relation du port Egmont, n’ont pas balancé à dire « que le pays adjacent offre tout ce qui est nécessaire pour un bon établissement. » Leur goût pour l’histoire naturelle les engagera sans doute à faire et à publier des recherches qui rectifieront celles-ci.

Les îles Malouines se trouvent placées entre cinquante-et-un et cinquante-deux degrés et demi de latitude méridionale, soixante-et-un et demi et soixante-cinq et demi de longitude occidentale du méridien de Paris ; elles sont éloignées de la côte de l’Amérique ou des Patagons, et de l’entrée du détroit de Magellan, d’environ quatre-vingts à quatre-vingt-dix lieues.

Les ports que nous avons reconnus réunissent l’étendue et l’abri ; un fond tenace et des îles heureusement situées pour opposer des obstacles à la fureur des vagues, contribuent à les rendre sûrs et aisés à défendre ; ils ont de petites baies pour abriter les petites embarcations. Les ruisseaux se rendent à la côte, de manière que la provision d’eau douce peut se faire avec la plus grande célérité.

Les marées assujetties à tous les mouvements d’une mer environnante ne se sont jamais élevées dans des temps fixes, et qu’il ait été possible de calculer. On a seulement remarqué qu’elles avaient trois vicissitudes déterminées avant l’instant de leur plein ; les marins appelaient ces vicissitudes varvodes. La mer alors en moins d’un quart d’heure monte et baisse trois fois comme par secousses, surtout dans les temps des solstices, des équinoxes et des pleines lunes.

Les vents sont généralement variables, mais régnant beaucoup plus de la partie du nord au sud par l’ouest, que de la partie opposée. En hiver, lorsqu’ils soufflent du nord à l’ouest, ils sont brumeux et pluvieux ; de l’ouest au sud, chargés de frimas, de neige et de