Page:Louis Antoine de Bougainville - Voyage de Bougainville autour du monde (années 1766, 1767, 1768 et 1769), raconté par lui-même, 1889.djvu/77

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coûte la vie ; s’il a des biens capables de satisfaire à ce qu’exige la loi, outre la confiscation des diamants, il est condamné à payer deux fois leur valeur, à un an de prison, et exilé pour sa vie à la côte d’Afrique. Malgré cette sévérité, il ne laisse pas de se faire une grande contrebande de diamants, même des plus beaux, tant leur peu de volume donne l’espérance et la facilité de les cacher.

Tout l’or qu’on retire des mines ne saurait être transporté à Rio-Janeiro sans avoir été remis auparavant dans les maisons de fondation établies dans chaque district, où se perçoit le droit de la couronne. Ce qui revient aux particuliers leur est remis en barres avec leur poids, leur numéro et les armes du roi. Tout cet or a été touché par une personne préposée a cet effet, et sur chaque barre est imprimé le titre de l’or, afin qu’ensuite, dans la fabrique des monnaies, on fasse avec facilité l’opération nécessaire pour les mettre à leur valeur proportionnelle.

Ces barres appartenant aux particuliers sont enregistrées dans le comptoir de la Praybuna, à trente lieues de Rio-Janeiro. Dans ce poste sont un capitaine, un lieutenant et cinquante hommes : c’est là qu’on paie le droit de quint, et de plus un droit de péage d’un réal et demi par tête d’hommes et de bêtes à cornes ou de somme. La moitié du produit de ce droit appartient au roi et l’autre moitié se partage entre le détachement proportionnellement au grade. Comme il est impossible de revenir des mines sans passer par ce registre, on y est arrêté et fouillé avec la dernière rigueur.

Les particuliers sont ensuite obligés de porter tout l’or en barre qui leur revient à la monnaie de Rio-Janeiro, où on leur en donne la valeur en espèces monnayées ; ce sont ordinairement des demi-doublons qui valent huit piastres d’Espagne. Sur chacun de ces demi-doublons, le roi gagne une piastre par l’alliage et le droit de monnaie. L’hôtel des monnaies de Rio-Janeiro est un des plus beaux qui existent ; il est muni de toutes les commodités nécessaires pour y travailler avec la plus grande célérité. Comme l’or descend des mines dans le même temps où les flottes arrivent de Portugal, il faut accé-