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aient été faits, soit que la souplesse de la matière ait donné un champ plus libre aux artistes, il y a plus de délicatesse, plus de richesse dans l’ornementation. Il paraît évident que ces monuments sont postérieurs à ceux d’Angcor. Ici, plus encore qu’à Angcor Wat, on trouve une perfection dans le travail qui indique l’apogée d’un art. L’emploi de matériaux plus faciles et la surcharge de l’ornementation annoncent aussi que la décadence est proche.

À Leley et à Preacon, les figures qui ornent les niches des faces des tours sont des hommes. À Leley, on croit reconnaître des statues de rois ou de grands personnages. Les indigènes nient cependant que ce soient des rois.

À Preacon, les figures paraissent moins nobles. Elles ont en main des lances à une ou trois pointes. Le dessus des portes, qui sont en grès, comme à Leley, représente toujours le dessin habituel du dragon qui se recourbe au milieu de feuillages. Mais ici la richesse de ces sculptures dépasse ce que l’on voit ailleurs. Le corps du dragon et le feuillage portent des personnages, et les reliefs sont plus variés, plus fortement accusés.

À l’ouest, en arrière des trois tours principales, sont quatre autres tours en briques, à demi ruinées, d’importance beaucoup moindre. En avant, sont trois édicules : celui du milieu est en grès ; les deux autres sont en pierre de Bien-hoa. La porte est de l’enceinte est en grès et ornée latéralement de fenêtres à balustres et de lions. Entre l’édicule et la tour du sud est un bœuf en grès.

Bacong est un monument à cinq étages. La terrasse inférieure a environ 60 mètres de côté ; les autres terrasses forment des gradins, égaux en hauteur et en largeur ; elles sont en retrait les unes sur les autres de 4 à 5 mètres. Le plateau supérieur n’a plus que 18 mètres de l’est à l’ouest, et est élevé d’environ 12 à 13 mètres au-dessus du sol ; au centre est un grand autel sur lequel autrefois s’élevait sans doute une statue. Aux angles de chaque terrasse sont placés des éléphants en grès de grandeur décroissante ; ceux du bas avaient 2 mètres de hauteur. La plupart ont disparu. De chaque côté des escaliers, construits au milieu de chacune des faces des terrasses, sont des lions dont la taille va aussi en diminuant. Les marches des escaliers sont formées d’énormes blocs de grès, dont quelques-uns sont rougeâtres.

Au pied de la terrasse inférieure s’élèvent huit hautes tours en briques, réparties deux sur chaque face. Elles sont presque entièrement ruinées. Sur la face est, deux autres tours sont placées en avant des deux premières et, construits symétriquement des deux côtés de ce groupe de quatre tours, s’élèvent quatre édicules en briques, ruinés et envahis par la végétation. Leurs murs épais sont percés de rangées de trous ronds qui permettaient à peine l’entrée de l’air et du jour. Ils avaient sans doute une destination analogue à celle des édicules du sanctuaire du mont Crom.

Bacong est entouré de deux enceintes concentriques de niveau avec les tours ; celles-ci se trouvent en contre-haut du sol de la forêt, et l’enceinte extérieure n’est pour ainsi dire qu’un mur de soutènement. En dedans de la seconde enceinte et sur la face sud, sont les ruines d’une ancienne construction en pierre de Bien-hoa. Il ne s’agit pas ici d’un sanctuaire ou d’une tour, mais probablement d’un édifice habitable.